Du soccer au canot à glace : à la rencontre du fleuve à -30°C
@Claude Côté
Julien Robitaille est un employé de l’OGSL. Mais avant même de travailler comme scientifique de données, il a développé, depuis sa maîtrise en océanographie à l’UQAR, une passion pour le canot à glace. Nous l’avons rencontré pour qu’il nous parle de ce sport hors du commun.
Découvrir le fleuve dans toute sa splendeur
Lors de sa maîtrise à Rimouski, pendant que Julien se rend à ses parties de soccer intérieur, d’autres de ses amis, habillés de lycras légers en plein hiver, se dirigent vers la banquise du fleuve Saint-Laurent. Un jour, par curiosité, Julien change de cap, suit ses amis et découvre l’univers des courses en canot à glace, sport de compétition qu’il pratique maintenant depuis les cinq dernières années.
« Le fleuve est tellement beau, il n’y a pas une autre activité qui permet de découvrir le fleuve avec un telle proximité, une telle intensité. J’adore le fleuve, et je rêve d’une journée à -30°C pour que la glace se forme. » s’enthousiasme Julien, le sourire aux lèvres, bien conscient que peu de Québécois ont les mêmes rêves pour cet hiver !
Mode de transport traditionnel devenu sport de compétition méconnu, le canot à glace est initialement pratiqué exclusivement par les hommes, puis, il se compose d’équipes mixtes depuis le milieu des années 80. Les équipes sont composées de cinq canotiers: quatre rameurs et un barreur, la personne à l’arrière qui dirige le canot.
@Claude Côté
L’environnement dynamique joue pour beaucoup dans le niveau d’adrénaline vécu par les canotiers. Il n’y a pas une course pareille et chaque parcours est unique, forgé par les éléments : les courants, la marée, le relief de la glace – pouvant atteindre près de 2m de haut! – ou encore la présence de slush…
Il n’y a pas une course pareille.
Chaque parcours est unique, forgé par les éléments.
L’expérience de certains barreurs émérites peut faire toute la différence pour analyser la route à emprunter et faire gagner leur équipe. Filer sur la glace, en trottant, un pied en dehors du canot, peut être payant, avec des vitesses pouvant atteindre 20km/h sur une glace parfaitement lisse. Toutefois, si la glace s’avère moins belle que prévu, la vitesse en prend un coup et alors, c’est l’endurance et la force brute qui feront avancer le canot à travers la slush et la glace cassante.
Au gré des conditions météo
Le fleuve n’est pas juste beau, il est aussi puissant… et peut rapidement devenir dangereux. Trois moteurs peuvent le rendre particulièrement difficile, ou exaltant, selon les canotiers! Il s’agit des courants, des marées et du vent.
Face à ces trois éléments, il peut arriver d’être dépassé par la puissance du fleuve et voir son canot rapidement déporté.
Face à ces trois éléments, il peut arriver d’être dépassé par la puissance du fleuve et voir son canot rapidement déporté, loin du chemin prévu, au point où l’équipe est incapable de revenir. Une situation plutôt rare, c’est alors un appel radio aux équipes de secours, lors de courses organisées, ou la garde côtière dans les autres situations, qui assurera un sain retour à la terre ferme.
« Je n’ai jamais fait de sport plus cardio, physique, que le canot à glace, mais en même temps, c’est de bien comprendre la glace qui est le plus important. C’est une expérience juste incomparable. » résume Julien, avant de nous encourager à venir assister à une course ou même essayer le sport lors d’un entraînement.
Des outils numériques pour mieux se préparer
Depuis son embauche à l’OGSL, Julien a travaillé sur le développement de l’application Navigation 2, un outil cartographique affichant en temps réel les conditions nécessaires à la navigation, que ce soit à voile, en kayak ou encore… en canot à glace. La centralisation des données de courants, de marées et de vents, entre autres, dans le même outil optimise la préparation de ces activités récréatives. D’ailleurs, la saison de canot à glace 2022 sera une première occasion pour Julien et ses coéquipiers de tester l’application.
Devenez bêta-testeurs de Navigation 2 ici!
Un peu d’histoire : de la tradition aux compétitions Tradition locomotive avant tout, le transport par canot à glace précède l’arrivée des Européens au Québec. Les canotiers assurent la traversée des personnes et des marchandises, entre insulaires et les côtes. Au 17e siècle, c’est le seul moyen pour traverser le fleuve entre Québec et Lévis, en l’absence d’un pont de glace suffisamment solide. Les bateaux à vapeur sonnent le glas de ce moyen de transport traditionnel, qui survit depuis comme sport de compétition. Plus d’information sur l’histoire du Canot à glace Après une première édition, organisée en 1894 dans le cadre du Carnaval d’hiver de Québec, la course entre les villes de Québec et de Lévis est organisée à chaque année vers la mi-février, de 1955 à aujourd’hui ! En tout, sept compétitions existent le long du fleuve. Pour découvrir les prochaines courses, consulter le Calendrier de l’Association des coureurs en canot à glace du Québec. |
Anne-Sophie Ste-Marie |