Explorez des espèces étonnantes du fleuve Saint-Laurent
Le Fleuve Saint-Laurent regorge d’animaux emblématiques tels que le phoque commun, le capelan ou encore le béluga. Ils font partie d’un large écosystème qui regorge d’espèces méconnues du grand public. Quels sont ces spécimens inusités ? Au fil des semaines dans ce blogue vous ferez la connaissance de cinq créatures surprenantes ! Plongez avec nous pour vous émerveiller des beautés et richesses des fonds marins du fleuve Saint-Laurent.
Le vers marin Néréis
Pour illustration, voir JC Lemay
Vous l’avez peut-être déjà vu sortir du sable ou nager en pleine eau. Mais quel est ce drôle d’animal dont l’iridescence naturelle a capté votre regard lorsque vous vous promeniez en kayak ou sur la plage ?
Les néréis (ou gravettes selon les régions) sont des vers marins annélides polychètes. C’est-à-dire que leur corps est constitué d’anneaux (comme le vers de terre) et qu’il est recouvert de plusieurs centaines, voire milliers de poils ! Dans le Saint-Laurent, on trouve sept espèces de cette famille, dont l’une d’elles peut atteindre jusqu’à 30 cm ! Chez Alitta virens, l’espèce la plus commune, le corps est magnifiquement coloré de rouge, d’ocre et de vert. En période de reproduction, le mâle devient bleuâtre.
Leur alimentation est variée. Ce sont des charognards capables de prédation sur de petits mollusques et crustacés, mais ils apprécient aussi les végétaux.
Les néréis sont très utiles pour nous ! En effet, ces créatures vivent dans le sable et en creusant leur galerie, ils remanient les sédiments, faisant d’eux des « bioturbateurs ». Les activités de bioturbation sont connues pour impacter les processus de dégradation et de recyclage de la matière organique des sols. Ils jouent aussi un rôle dans l’érosion, la stabilisation et le drainage des sédiments, mais également sur la biogéomorphologie, l’oxygénation et la bioremédiation des sédiments pollués. Ils sont ainsi à l’origine de maints services écosystémiques !
La prochaine fois que vous croiserez ce petit polychète, vous saurez qu’il est capable de très grandes choses !
Les cténaires
Les néréis ne sont pas les seuls animaux à être iridescents dans le fleuve Saint-Laurent. L’été venu, les cténaires nous offrent également de magnifiques balais de couleurs. Si les néréis sont visibles depuis la plage, il faudra vous mouiller un peu pour profiter du spectacle que nous offrent les cténaires. En effet, ces animaux gélatineux sont pélagiques, c’est-à-dire qu’ils vivent dans la masse d’eau. Ils sont capables de nager en agitant les cils qu’ils ont le long du corps, mais ne peuvent pas lutter contre les forts courants et font ainsi partie du zooplancton. Si vous faites du kayak, du bateau ou de la plongée, peut-être les avez-vous déjà vu ?
Dans le Saint-Laurent, on trouve quatre espèces de cet embranchement. Leur caractéristiques physiques ont inspiré leurs noms vernaculaires. Ainsi les appelle-t-on béroés ou groseilles de mer. La plupart des espèces se nourrit de tout petits crustacés ou d’autres cténaires qu’ils capturent grâce à leurs colloblaste (cellules collantes). Comme ils sont gélatineux et que certaines espèces possèdent des tentacules, il sont très souvent confondus avec de petites méduses. Ils se démarquent néanmoins de celles-ci par leur absence de cnidocytes (ils ne piquent pas). Si comme moi vous avez rêvé des créatures du film Abyss de James Cameron, alors rendez-vous sur ou sous l’eau pour les observer en vrai !
Les gammares
Dès que la glace libère la plage, rendez-vous dans les flaques ! Vous serez sûr d’y observer ce drôle d’animal qui nage sur le côté et se masse par centaine sous les pierres et les algues. Il ressemble étrangement à une grande puce (longueur = 2,5 cm). Mais c’est normal car il appartient au même groupe, celui des arthropodes (littéralement pâte articulées)! Tout comme la puce et bien d’autres arthropodes (crabe, crevette, araignée, sauterelle…), le gammare possède une carapace en chitine qui protège son corps mou. Il s’agit de son exosquelette. On trouve dans notre région deux espèces, à ne pas confondre avec Orchestia gammarellus, la puce des sables. En effet, les gammares vivent dans l’eau près du fond (entre 0 et 30 m de profondeur) alors que la puce vit dans le sable. Les gammares (aussi nommés chevrettes) se nourrissent principalement de vers, de petits crustacés mais aussi de cadavres d’animaux.
Ils sont très importants car ils sont à la base de la chaîne alimentaire et sont une proie de choix pour nombreuses espèces de poissons et d’oiseaux marins.
Le crapaud de mer
Voici un poisson qui surprendra les amateurs de pêche à la ligne. En effet, pour montrer son mécontentement, celui-ci émet un grondement particulier rappelant un moteur électrique bloqué (libre à vous d’interpréter ce grondement d’une autre manière). Ce poisson vit sur une grande diversité de fonds (rocheux, vaseux, couverts d’algues…). Cela explique leur grande diversité de couleur, qui passe par toutes les teintes de marrons. On trouve même des individus roses ou gris ! Le mimétisme remarquable du chaboisseau est dû à la présence de cellules spéciales, les chromatophores, qui, en ajustant les pigments visibles sur sa peau, reproduisent la couleur du fond. Ce mimétisme est souvent observé dans la nature. Il sert aux proies à se cacher des prédateurs… et aux prédateurs à se camoufler de leurs futures proies (pensez aux chasseurs tout de kaki vêtus). Ainsi, bien caché sur le fond, le crapaud de mer attend que les proies passent à sa portée pour ouvrir grand sa gueule et les aspirer. Pas difficile sur le menu, il se nourrit de petits poissons, de crabes, de crevettes, de vers, de mollusques… Il mesure environ une cinquantaine de centimètres à l’âge adulte (avec quelques records autour de 80 cm !).
En allant au quai de Rimouski pour pratiquer la pêche à l’éperlan, il arrive de temps à autre de remonter sa ligne et de le voir agrippé!
Le papillon de mer
Le papillon de mer est un escargot bien particulier (non je ne perds pas la tête dans les dédales de la classification animale). En effet Clione limacina est un gastéropode qui ne possède pas de coquille et ne rampe pas sur le sol. Il fait partie du zooplancton pélagique et se sert de ses deux « ailes » pour se déplacer. Au cours de son long processus évolutif, les pieds de ce gastéropode se sont transformés pour devenir des petites nageoires que l’on surnomme « ailes » tant on à l’impression qu’il vole dans l’eau. Autre particularité, son corps long de 4 cm au maximum est entièrement transparent et ses organes sont orangés. On peut même voir son cœur battre au travers de sa peau ! Il se nourrit essentiellement de petits planctons et constitue la ressource principale de nourriture de la baleine franche. Il est plutôt timide dans le Saint-Laurent mais quelques chanceux ont pu l’observer non loin de la surface de l’eau.
Sources principales d’information:
https://www.marinespecies.org/
http://species-identification.org
https://doris.ffessm.fr
http://nereispark.org
Fontaine, P. H. (2011). Beautés et richesses des fonds marins du Saint-Laurent. Editions MultiMondes.
Pauline Chauvet |